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Les montagnes bleues de Philippe Vidal
Editions Max Milo
Un roman saisissant mettant en lumière le marronnage au temps de l’esclavage.
Préfacé par Pascal Légitimus, ce roman est tout d’abord un rappel. En effet, nous sommes en 1700, période pendant laquelle l’esclavage bat son plein au sein des îles Britanniques.
Philippe Vidal a souhaité mettre en lumière dans son livre Les montagnes bleues l’espoir pour tout esclave de connaître un jour la liberté. Il s’applique alors à décrire avec précision le phénomène de marronnage en intégrant à son histoire une communauté de marron de la Jamaïque vivant dans les montagnes.
Le marronnage bien que mal connu, a existé et perduré dans les Antilles britanniques mais aussi françaises, portugaises, hollandaises ou espagnoles. L'atmosphère à cette époque était hostile à tout noir rebelle et les pires cruautés exercées par les maîtres blancs et leurs employés à l’encontre des esclaves, refoulaient les rêves d'évasion de certains par peur d’un triste sort en cas d’échec.
Scène de vie d'une communauté de marrons.
Et pourtant, le plus souvent dans les montagnes ou les forêts, vécurent des communautés de marrons "hommes noirs libres" s’étant évadés des plantations, subsistant tant bien que mal aux conditions de vie extrêmes et s'organisant pour créer une société hiérarchisée.
Nichée dans les montagnes jamaïcaines, Mbika Town dans le roman est un village dans lequel vit une communauté de marrons. Christian un esclave de maison très instruit qui a pu fuir la maison de son maître va rejoindre cette communauté et en changer à jamais la destinée. Il s’en suivra une épopée d'actions spectaculaires qui révèlera Christian comme le fervent porte-parole de sa communauté. Les nègres marrons en ces temps, usaient de ruse par des actes de sabotage pour dissuader les blancs de les attaquer afin de les tuer ou les remettre en esclavage.
Toujours dans le cœur des Jamaïcains, le portrait de Nanny des Marrons qui libéra près de 800 esclaves en une trentaine d’années figure sur les billets de 500 dollars jamaïcains.
On pourra souligner dans le roman un léger manque de suspens dans certains chapitres, néanmoins, cela n’assombrit pas le fait que Les montagnes bleues de Philippe Vidal, écrivain et passionné d'histoire (entre autres), est un bel hommage à toutes les communautés de marrons ayant existé et plus particulièrement à celles nombreuses de la Jamaïque. A lire impérativement en cette rentrée littéraire.
ZOOM
Nanny des Marrons, figure emblématique de la résistance des marrons en Jamaïque
Philippe Vidal a tenu à faire un clin d’œil à l’une des plus grandes résistantes de la lutte contre l’esclavage que fut « Nanny des Marrons » ou en anglais « Nanny of Maroons ».
Née en 1686 au Ghana, elle venait de la tribu d'Ashanti, l'une des plus puissantes d'Afrique de l'Ouest. Capturée avec sa famille, elle fut transportée en Jamaïque à un très jeune âge. Très vite, elle réussit à s’enfuir avec ses cinq frères et rejoignit une communauté de marrons.
Elle deviendra très vite un symbole de résistance contre les Britanniques et un repère pour les anciens esclaves composant sa communauté. Très attachée à la spiritualité africaine, elle était à la fois adorée et dans le même temps craint par ses frères de combats et ses adversaires à cause de l’ingéniosité dont elle faisait usage pour mener à biens ses actions.
Les montagnes bleues, titre de ce roman, fait référence au nom donnée à la région des « Blue Montains » de la Jamaïque qui abritait des marrons. Nanny des Marrons libérera près de 800 esclaves en une trentaine d’années.
Diane N.