C’est en visitant un camp au Darfour en tant qu’ambassadrice de l’Unicef que la chanteuse a eu envie de rendre hommage aux femmes fortes et debout qu’elle a rencontrées et qui ne souhaitaient pas que l’artiste les considère « une deuxième fois comme des victimes » (interview d’Angélique Kidjo pour RFI Musique le 31 janvier 2014).
Marquée par ces échanges, et par ses rencontres avec d’autres femmes au Kenya, Angélique Kidjo met en musique les émotions ressenties lors de ces voyages et les chants entendus ça et là. En résulte un album homogène lumineux, où les chorales de femmes kényanes et béninoises jouent un rôle prédominant, de belles voix claires porteuses de traditions, d’intonations, de rires est ou ouest-africains auxquelles la voix puissante d’Angélique Kidjo impulse une direction, un mouvement et un groove.
Entre afro-funk, soul et ballades magnifiques, dont la reprise du magnifique chant togolais « Blewu », hommage d’Angélique à la première diva qu’ait porté le Togo, Bella Bellow, Eve nous emporte par sa fougue et son audace. On retrouve par exemple sur l’album la présence de l’Orchestre philarmonique du Luxembourg ou encore les cordes du quatuor américain Kronos Quartet avec lesquels a souhaité enregistrer l’artiste.
Le titre éponyme de l’album Eve, chanté en duo avec Asa, évoque l’amitié entre femmes, l’importance d’une amie réconfortante quand la vie se fait dure…
De bout en bout de cet opus, les femmes, leur force de vie, leur résilience, leur amitié, sont au cœur du processus de création de l’artiste, il était donc tout naturel d’entendre la voix éraillée mais que l’on devine avoir été puissante un jour de la mère de la chanteuse, en fin d’album, sur le tendre chant rythmé « Bana ». Boucle bouclée.
ZOOM
Angélique Kidjo, diva africaine
De la trempe des Myriam Makeba, Cesaria Evora ou encore, une de ses idoles, la Togolaise Bella Bellow.
Née en 1960 à Cotonou au Bénin, Angélique Kidjo a commencé à chanter à l’âge de six ans, en entrant dans la troupe de théâtre de sa mère. Très vite, elle se fera remarquer par l’ampleur et la force de sa voix qui porte.
Plus tard, Angélique Kidjo veut entamer des études de droit, mais c’est bien la musique qui prend le pas sur toutes ses autres envies et elle étudiera le chant et l’histoire de la musique dans une école de jazz parisienne réputée, le CIM, dans les années 1980, où elle rencontre son futur mari, le musicien et compositeur Jean Hebrail.
Remarquée par le producteur Chris Blackwell (de la maison de disques de Bob Marley et U2), elle réalisera quatre albums à ses côtés et recevra éloges et gloire.
Lola Simonet