SOLEILS d'Olivier Delahaye et Dani Kouyaté
Rencontre avec un des réalisateurs du duo, Olivier Delahaye, pour qui l'Afrique a quelque chose à nous dire !
Vendredi 7 février, Africa Vivre a eu le privilège, dans une salle de montage du 18ème arrondissement de Paris, de voir la bande annonce du film SOLEILS, tout juste finalisée.
Les larmes aux yeux, le coeur battant, le coup de coeur est immédiat. SOLEILS est un projet fou qui étrangement rentre en totale résonance avec celui d'Africavivre.
Rencontre avec un drôle de réalisateur qui est allé jusqu'au bout de son ambition.
Et si l'Afrique avait quelque chose à nous dire !? C'est de cette question-interpellation qu'est né votre premier long-métrage SOLEILS ?
Olivier Delahaye : C'est un film dont le personnage principal est inspiré par Sotigui Kouyaté auquel le film est dédié. J'ai eu la chance de le côtoyer quotidiennement et alors qu'il était déjà très malade, il m'a soufflé à l'oreille "Olivier, il est temps que tu réalises un long-métrage".
Je me suis alors enfermé pendant cinq semaines pour écrire le scénario de SOLEILS. Sotigui Kouyaté, interprété par le formidable Binda Ngazolo, sous-tend l'ensemble du film : un vieil homme transmet à une jeune fille une sagesse universelle et la mémoire d'un continent.
Qu'avons-nous donc à apprendre de l'Afrique ?
Olivier Delahaye : Le film incite le spectateur à revisiter l'histoire du continent africain, à découvrir l'humanisme africain.
N'y a-t-il pas en Afrique des solutions à certains de nos problèmes ? Quand l'Afrique du Sud crée la Commission Vérité et Réconciliation, n'est-ce pas une initiative qui a permis aux Sud-africains de vivre ensemble ? Avant l'arrivée des Blancs en Afrique, les prisons n'existaient pas, la justice visait à indemniser les victimes et à recréer une harmonie plutôt qu'à enfermer.
Le rapport à la Nature en Afrique est historiquement très fort, les chasseurs étaient par exemple garants d'un équilibre entre l'Homme et la Nature. Et l'Afrique nous apprend surtout que l'homme n'existe que dans ses rapports à l'autre.
Pourquoi donc autant d'aveuglement face à une lecture positive du continent africain ?
Vous qualifiez votre film de road-movie dans le temps et dans l'espace.
Olivier Delahaye : SOLEILS démarre au XIIIème siècle, à l'époque de l'empire Mandé, qui a d'ailleurs élaboré une charte qui ressemble beaucoup à nos déclarations des droits de l'homme. Il se prolonge jusqu'au XXIème siècle et se déroule à Ouagadougou, au Cap, à Berlin, au Mali, en Belgique...
Voltaire et Hegel prennent la parole dans le film, des personnes qui avaient autorité et qui ont participé à la propagation des idées reçues toujours à l'oeuvre sur l'Afrique et les Africains.
C'est aussi un film original de par sa coréalisation franco-burkinabé !
Olivier Delahaye : En effet, j'ai réalisé le film avec Dani Kouyaté, le fils de Sogui. Je souhaitais ce double regard, cette complémentarité. Nos positions se sont souvent rejoints et lorsqu'elles différaient, c'était pour mieux s'enrichir.
Quand est prévue la sortie du film ?
Olivier Delahaye : C'est pour bientôt j'espère. Un film sur l'Afrique ne trouve pas facilement de distributeur alors j'ai décidé de le distribuer moi-même.
ZOOM
Un casting qui fait la part belle à de nouveaux talents
Et quel rôle, celui de Sotigui Kouyaté, un baptème du feu qui permet à ce Camerounais de tendre une nouvelle corde à son arc après le théâtre, la musique et le conte.
C'est également le premier rôle féminin pour Nina Melo qui interprète la jeune fille Dokamisa. Cette jeune Française de parents ivoiriens porte cette double culture que recherchaient Olivier Delahaye et Dani Kouyaté.
Binda Ngazolo et Nina Melo portent à eux deux le film et c'est d'autant plus formidable que SOLEILS donnent également la part belle à une multitude de seconds rôles dont Rufus qui a accepté à la lecture du scénario de donner un coup de main au projet en jouant le rôle de Voltaire.
A noter aussi la participation exceptionnelle de Barbara Hendricks qui chante pour SOLEILS un gospel intitulé A Long Walk to Freedom, en hommage à Nelson Mandela et de Fatoumata Diawara qui interprète une chanson à la fin du film en hommage à Sotigui Kouyaté.
Autant d'énergies positives autour d'un film laissent présager une belle réussite !
Maxime Bonin