Lovely Difficult de Mayra Andrade
Columbia
Quatrième album aérien de la plus cosmopolite des chanteuses cap-verdiennes.
Après nous avoir séduits dans son répertoire d’origine, celui du Cap-Vert, Mayra Andrade consolide ses atouts world music et signe un album pop gracieux puisé dans les contrées britanniques, brésiliennes et caribéennes. So lovely !
« Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse » écrit Alfred de Musset. Avec Mayra Andrade, l’ivresse est là, le flacon aussi. Un magnifique contenant même que ce petit bout de femme au visage rond ravissant, et aux yeux pétillants de malice et de vie. Rayonnante. Solaire. Insulaire.
Du Cap-Vert, Mayra aura tout chanté, sa morna, son batuque, son funana… Il était temps pour elle de nous donner à entendre ses autres influences musicales.
Belle-fille et nièce de diplomates, Mayra a grandi au gré des déplacements de sa famille, de Lisbonne à Paris en passant par l’Afrique de l’Ouest, le Brésil et Cuba. Installée à Paris depuis dix ans, la chanteuse y a fait des rencontres musicales riches qui l’ont marquée. Certains song writers français et étrangers en particulier, auxquels elle a demandé de collaborer sur son dernier opus. On retrouve ainsi aux commandes de certains de ses titres, Yael Naim, Tété ou encore Benjamin Biolay.
Composé à son image, Lovely Difficult évolue au gré des pays traversés par Mayra. Sa base se fait pop façon world music gracieuse, finement arrangée tantôt de bossa nova, tantôt de folk. La voix de Mayra Andrade, toujours profonde et chaude, éraillée, en est le fil conducteur qui navigue aussi bien en eaux portugaises et créoles qu’en eaux anglaises et françaises. À l’aise dans chacune de ces langues, Mayra s’y révèle pourtant différente dans chacune : mutine, joueuse ou séductrice, qu’elle parle d’amour ou du temps qui passe.
Avec Lovely Difficult, Mayra Andrade nous prouve qu’on avait raison de parier sur elle. Cet opus est un des meilleurs albums de cette fin d’année.
ZOOM
Le conseil de la diva Cesaria à la petite Mayra
Trois ans plus tôt, elle a eu la chance de rencontrer la meilleure Ambassadrice du Cap Vert, la diva Cesaria Evora. Celle-ci lui a alors donnée un conseil : « N’oublie jamais que c’est le public qui décide s’il te met en haut ou s’il te laisse tomber ».
Forte de ce dicton, Mayra trace depuis lors sa route musicale « cap-verdiennement », et aujourd’hui plus internationalement… Elle continue d’écouter son public, qui, et nous l’espérons pour longtemps encore, le lui rend bien.
Lola Simonet