Paradis : Amour d'Ulrich Seidl
Ulrich Seidl Film, Tatfilm, Parisienne de production
Regard cynique sur le tourisme sexuel au Kenya.
Signant une trilogie acerbe dont « Amour » est le premier volet, le cinéaste autrichien Ulrich Seidl se pose en cinéaste acerbe, adepte d’un second degré froid et grinçant.
Paradis : Amour est l’histoire de Teresa, une mère de famille allemande, vivant une existence désabusée et sans intérêt. Lorsqu’une amie l’invite à venir s’amuser au Kenya, elle n’hésite pas une seconde : elle va passer une semaine à jouer les « sugar mamas ».
Assez cru dans son traitement, mettant le spectateur dans une position assez délicate, Paradis : Amour a le mérite de montrer un des aspects les plus frappants du tourisme en Afrique : le recours à la prostitution, en particulier masculine.
Une scène parmi les autres : la première nuit
Par sa capacité à ne pas feutrer le discours de ces femmes vulgaires, à montrer la grossièreté dans ce qu’elle a de plus révoltant, le cinéaste gagne son pari : déranger. Dans la première scène à l’hôtel, mettant aux prises les deux allemandes à un jeune barman kenyan, on se trouve aussi mal à l’aise que face aux scientifiques comparant la Vénus Hottentote à un monstre dans le film d’Abdellatif Kechiche.
Ce sentiment touche son apogée au cours de la première nuit (mémorable) entre Teresa et son beach boy, au cours de laquelle la relation prend un tour quasi sacrificiel.
Abordant une des faces sombres de la mondialisation, Paradis : Amour d'Ulrich Seidl recrée, à travers des relations d’un type nouveau, un rapport de domination des Occidentaux vis-à-vis des Africains (et de tous les habitants des pays défavorisés). On aimera ou on n’aimera pas ce regard à la limite de la misanthropie, mais on ne peut que reconnaître qu’Ulrich Seild a mis les pieds dans le plat pour aborder un vrai problème de société.
ZOOM
Les hauts lieux du tourisme sexuel en Afrique.
Un constat tragique où l’on découvre que se développent à plusieurs endroits du continent des formes particulières de prostitution.
Mombasa, la ville kenyane où se déroule Paradis : Amour, fait d’ailleurs partie de ce classement.
Ce qu’on y découvre dans cet article ne donne pas beaucoup plus d’espoir que le film de Seidl…
Romain Dostes