Nous sommes en Afrique subsaharienne, à l'intérieur des terres. Dix jeunes gens et deux adultes disparaissent lors du grand incendie qui détruit le village. Les mères des enfants sont mises à l'écart pour conjurer le sort.

Mais qu'est-il arrivé ? C'est le début d'une quête qui aboutira à l'indicible : la communauté voisine des Bwele capturent et vendent les hommes aux étrangers venus du nord par les eaux.

C'est un véritable défi que relève Léonora Miano avec La saison de l'ombre : elle parvient à recréer une communauté subsaharienne du temps de la Traite transatlantique. Les gestes les plus quotidiens sont détaillés avec force et précision. La spiritualité et la consmogonie sont omniprésents.

C'est également à un véritable travail de mémoire auquel elle s'est livrée en donnant vie à ces femmes qui ont perdu un être cher lors de la Traite négrière. Car derrière la Traite négrière, souvent traitée à travers des chiffres, des flux migratoires, des enjeux économiques, se cachent des personnes en chair et en os à qui on a tout arraché, tout !

C'est d'ailleurs au début du roman la confusion, l'égarement, l'incrédulité qui priment devant un phénomène inexpliqué. C'est ensuite l'abattement devant la cruauté de la Traite négrière.

La saison de l'ombre est encore bien plus qu'un roman de mémoire et d'histoire. C'est un livre profondément humaniste sur la perte et l'arrachement, sur la possibilité de faire le deuil, de se recréer.

Sans oublier la prose magnifique de Léonora Miano, une écriture fluide, vivante qui rend le roman passionnant.

Vous l'aurez compris, ce roman est incontournable, nous vous souhaitons bonne lecture !

Léonora Miano présente son ouvrage La saison de l'ombre.

ZOOM

Verbatim de Léonora Miano

Elle s'est ensuite exprimé sur son oeuvre, sur elle-même, morceaux choisis :

"Je me projette complètement dans mes personnages, je vis avec eux pendant un an, ce qui me permet de les rendre vivant".

"J'ai beaucoup d'interrogations sur l'histoire africaine, sur la période de la Traite négrière. Je suis hantée par cette question depuis ma toute petite enfance."

"Le souci principal en Afrique est celui d'une conscience de soi dégradée suite à la Traite négrière".

Maxime Bonin