Concert La kora dans tous ses états
Théâtre de Ruteboeuf - 18, allée Léon Gambetta 92110 Clichy.
Trois noms, trois univers, trois koras.
Nous nous attendions à une soirée musicale riche et éclectique autour de la kora et nous n’avons pas été déçus. Le principal concert du Festival La Kora dans tous ses états à Clichy ce samedi 12 octobre a rempli toutes ses promesses.
Ouverte par le joueur de kora guinéen Mamoudou Cissoko, co-fondateur de l’association organisatrice de l’événement, Korafoll’art, la soirée a commencé par une approche traditionnelle de l’instrument. Arpèges, rythmiques et variations typiques des mélodies mandingues, convoquant les temps immémoriaux de l’ancien empire, la kora de Mamoudou Cissoko, parfois rejointe par les contre-chants sibyllins d’une flûte peulh et d’une guitare, nous aura d’emblée transporter au cœur géographique de l’histoire de cette harpe africaine, quelque part en Afrique de l’Ouest.
Une heure plus tard, et après une pause d’un quart d’heure durant laquelle les spectateurs auront pu se délecter d’un excellent plat de thiep poulet, le quartet de Chérif Soumano fait son apparition.
Place à la kora du XXIème siècle et à ses effets électriques amplifiés à l’aide d’une pédale. Une technique développée entre autre par le joueur de kora guinéen Sekou Kouyaté, membre fondateur du groupe de Ba Cissoko. Soutenu par le terrible guitariste Sébastien Giniaux, virtuose malicieux, Chérif Soumano reprend certains standards de la musique mandingue, se les approprie, les travaille, les pétrit, les transforme et les transfigure par des détours reggae, jazz et rock.
Superbes moments de ce deuxième set, les interventions du chanteur haïtien Djems Germain, invité par Chérif à reprendre les classiques du blues mandingue « Massana Cissé » et « Fama denke ». Du pur bonheur qui en aura subjugué plus d’un dans la salle ! Une découverte exceptionnelle, celle de la voix sublime de cet artiste caribéen parlant bambara pour avoir vécu trois ans au Mali et chantant le lyrique griotique d’une façon blues/gospel très personnelle. Deux des clous de la soirée.
Enfin, la tête d’affiche du concert, le célèbre Djéli Moussa Diawara fera son apparition vers 22h45.
L’heure tardive se prête à l’ambiance jazzy à laquelle nous convie Djéli Moussa Diawara, ancien du Kora Jazz Trio. Le public enthousiaste est vite conquis par sa reprise des « Feuilles mortes » en malinké.
Scène rare dans les théâtres français, une Guinéenne se lève alors de son fauteuil et se dirige sur scène pour remettre un billet de 50 euros à l’artiste. Surprise et incompréhension de certains spectateurs, qui finiront par avoir le fin mot de l’histoire une fois le concert terminé. La dame n’étant autre que la belle-sœur de l’artiste, et touchée par les paroles de la chanson qu’elle pensait dédiée à sa sœur, sera allée gratifier l’artiste d’un don, comme on le fait au pays, pour remercier les griots.
Boucle bouclée. Seule réserve, le peu de monde venu assister à ce bel événement… Ô combien les absents auront eu tort ce soir-là !
ZOOM
L’association Korafoll’art à Clichy : longue vie à la kora !
Par l’organisation de cours, d’ateliers, du festival La Kora dans tous ses états, elle favorise la connaissance de cet instrument tout en participant à la création d’échanges interculturels riches au sein de la ville où elle est basée, à Clichy.
L’association accompagne également le développement d’activités culturelles à Koundara, en Guinée.
Lola Simonet