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Seun Kuti, un afro-beat béatifiant

Retour sur le concert de Seun Kuti à Paris à la Cité de la Musique le 4 septembre 2013.

Dans sa tombe, Fela Kuti repose en paix. Entre tradition et modernité, son fils cadet assure la relève.

De vingt ans l’ainé de Seun, nous connaissions déjà Femi, nourrissant son afro-beat d’électro, de pop et de hip-hop. Tony Allen, batteur de génie minimaliste, assure également la relève. D’abord au sein de la mythique formation Africa 70, puis au cours d’une carrière solo. On connaît également les montpelliérains de Fanga et les new-yorkais d’Antibalas.

Mais nul besoin d’énumérer les nombreux fils spirituels, connus ou non de Fela pour savoir que l’afro-beat est une grande famille. Une famille au sein de laquelle les fusions musicales sont fortement encouragées. Tout comme le respect des traditions.

Seun Kuti en concert


D’ailleurs, chez Seun le fils cadet, le saxophone reste, comme le veut la coutume, l’attribut fétiche du leader. Et le groupe qui l’accompagne depuis vingt ans aux quatre coins de la planète ? Est celui de son père. L’orchestre Africa 70 en question, avait été renommé par Fela, Egypt 80, en hommage à Cheick Anta Diop et sa théorie des origines africaines de la civilisation pharaonique. Ainsi, la troupe est constituée des mêmes joyeux tontons souffleurs, bassistes funky jouant des boucles infinies et, à la conga et aux percussions, d’indétrônables papis.

Mais comment expliquer la présence de Christian Scott de la Nouvelle-Orléans à la trompette et M1, Dead Prez de Brooklyn à la voix rappée dans ce concert du 4 septembre ?

Ils offraient de nouvelles sonorités, plus groovés et jazzy. Comme pour mieux marquer le lien entre l’afro-beat et la jeune génération de jazzmen du nouveau millénaire. Et, rappelons-le, le « highlife », est une ré-appropriation du jazz dans le Ghana des années 1970. Genre musical ayant également inspiré l’afro-beat. Une manière de boucler la boucle, n’est-ce pas ?

Entre aller et retour, tradition et modernité, avec l’orchestre Egypt 80 et son maître de cérémonie, tous deux en grande forme, nous traversons ce soir-là de nombreuses frontières.

ZOOM

Bombino, charismatique et électrique

Dire que les riffs endiablés et hypnotiques de Bombino sautillant ont eu quelques effets, serait peu dire.

Le set d’une heure, du rockeur touareg assurant la première partie de cette soirée, s’est ponctué d’apostrophes du leader en peul ou bambara, de cris de joie inopinés et de nombreux exercices d’expression corporelle extrêmement libre.

De quoi mettre le public en très bonne disposition pour accueillir Seun Kuti, semblait-t-il. Disposition dont le leader nigérian au torse reluisant et bombé, n’avait nul besoin. Car nous l’aurions suivi de bon grès dans cette épopée musicale.

Eva Dréano