Essais / nigeria

Transwonderland, retour au Nigéria de Noo Saro-Wiwa

Hoëbeke

Noo Saro-Wiwa part à la découverte de son pays, le Nigéria et d'elle-même, 15 ans après le décès de son père, exécuté par le régime du dictateur Sani Abacha.

Transwonderland, retour au Nigéria est une aventure littéraire alléchante : Noo Saro-Wiwa décide d'arpenter pendant 3 mois le Nigéria, pays qu'elle n'a plus revu depuis la mort de son père, militant écologiste engagé, exécuté par la dictature nigérianne.

De quoi freiner ses ardeurs d'autant plus que plus jeune, élevée en Angleterre, elle garde, au vu des conditions sommaires, un mauvais souvenir de ses étés passés dans le pays de ses parents.

Entre trip routard, quête de soi, réflexions sociologiques, l'aventure malheureusement ne décolle pas. On reste sur notre faim d'en savoir plus sur le pays le plus peuplé d'Afrique.

Et pourtant, Noo Saro-Wiwa se donne du mal : elle surmonte ses peurs, prend des motos-taxis suicidaires, supporte des conditions d'hébergement sommaires. Sa volonté d'ouverture est attachante, elle débouche sur un constat assez classique : le Nigéria est en proie au chaos mais ce chaos est aussi une formidable source d'énergie qui peut présager des lendemains meilleurs.

On aurait également souhaité de la part de Noo Saro-Wiwa plus d'intimité, plus de rencontres, plus de chaleur.

Mais ne gâchons pas notre plaisir, les livres sur le Nigéria, vu de l'intérieur, sont rares et Transwonderland, retour au Nigéria de Noo Saro-Wiwa est une bonne approche pour mieux appréhender un pays difficile à cerner !

A la mémoire de Ken Saro-Wiwa

ZOOM

Le destin tragique de Ken Saro-Wiwa, père de Noo Saro-Wiwa, auteur du livre Transwonderland, retour au Nigéria

Écrivain et militant nigérian, Ken Saro-Wiwa s'éleva avec fermeté contre le régime militaire de son pays et contre le groupe pétrolier anglo-néerlandais Royal Dutch Shell, qu'il jugeait responsable des dégâts écologiques provoqués dans les territoires du peuple Ogoni, dans son État natal de Rivers dans le fameux delta du Niger.

Suite à un procès largement dénoncé par les organisations de défense des droits de l'homme, Ken Saro-Wiwa et 8 autre personnes ont été condamné et pendu en 1995. Le Nigéria a été alors suspendu du Commonwealth et condamné par les Nations-Unies après un vote de l'Assemblée générale.

Et en 2009, le Groupe Shell, accusé de complicité dans l'élimination de l'écrivain nigérian, a accepté de payer 15,5 millions de dollars pour régler le litige devant la justice américaine.

Maxime Bonin