Le film Aya de Yopougon de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie
Autochenille Production
Un film d’animation ne manquant ni d’assaisonnement ni de piquant.
L’histoire du film Aya de Yopougon, inspirée de la bande dessinée ovationnée en 2006 au festival d’Angoulême, se déroule dans les années 1970 à Yopougon, un quartier d’Abidjan.
Cette Saga africaine haute en couleur et en rebondissement ne manque ni d’assaisonnement ni de piquant.
Avec Aya, studieuse adolescente rêvant de faire médecine, ses deux meilleures amies, Adjoua et Bintou, s’orientant vers la filière C (couture, coiffure et chasse au mari) et aimant courir les maquis (bar où l’on danse), est dépeinte une jeunesse ivoirienne pleine de candeur, de joie de vivre et d’idéaux.
La société patriarcale, le patron d’entreprise tout puissant, Moussa, le jeune riche écervelé bon à marier, Hervé, le jeune pauvre sur qui l’on n’a jamais misé, le père de famille adultère, l’ivoirien qui se prend pour un parvenu, un vrai parisien… Tous les stéréotypes y sont.
Entre réalisme mordant et humour à l’ivoirienne, on navigue aux rythmes afro-cubains entre tradition et modernité. Les images colorisées retranscrivent avec soin la vivacité de la ville, alors grande puissance économique, et de son quartier Yopougon. Mais le scénario ne parvient pas toujours à nous emporter dans de nouvelles contrées. Sans réelle intrigue, l’étalage de ces stéréotypes néanmoins drôlissimes apportent finalement peu à notre compréhension de la société abidjanaise des années 1970, ni sur celle d’aujourd’hui.
Cependant, pour ceux ayant une affreuse envie d’un bon bain ivoirien, on vous conseille de vous rendre en salle pour voir le film Aya de Yopougon. Vous y apprendrez un florilège d’expressions ivoiriennes de toute utilité et l’ambiance musicale des maquis suffira certainement à vous enjailler (expression ivoirienne signifiant faire plaisir).
ZOOM
Publicités et grands classiques des années 1970
Cette immersion sonore dans la musique afro-cubaine, le chachacha et d’autres sons africains nous transporte avec brio dans les années 1970 en Côte d’Ivoire, au Sénégal, en Guinée Conakry, dans l’ex-Zaïre ou en Afrique du Sud.
Egalement, les interludes publicitaires d’époque s’incrustant dans les télévisions de nos personnages animés, ajoutent une bonne dose d’humour et de réalisme au film. Elles lui confèrent une esthétique kitsch certaine. Et s’il fallait vous donner un dernier prétexte pour y aller en cette période estivale au thermomètre survolté, rien de mieux que de voir un tel film dans une salle climatisée.
Eva Dréao