En tant que réalisateur tchadien, il s'attache à aborder des sujets tabous de la société tchadienne afin de les mettre sur la place publique et de lutter contre l'hypocrisie.
C'est le cas avec Grigris qui raconte un phénomène bien réel à N'Djamena : le trafic d'essence à l'origine de course-poursuites entre voitures des trafiquants chargées de bidons d'essence et celles des douaniers.
C'est aussi le cas avec le thème de la prostitution qui dans son nouveau film concerne autant les blancs que les locaux.
Grigris, c'est un cadeau du ciel dans le paysage du cinéma africain qui souffre d'un cruel manque de moyens. Le résultat est à la hauteur de la réputation du réalisateur : Mahamat-Saleh Haroun réalise la prouesse de combiner film réaliste proche du documentaire et film esthétique avec des scènes d'une grande beauté. Sans oublier le scénario digne d'un vrai polar.
On ne peut évidemment que s'enthousiasmer devant la performance d'acteur de Grigris et Mimi. Solo, qui interprète Grigris le personnage central du film, est dans la vie un danseur handicapé de la jambe gauche. C'est à partir de sa propre histoire que le film est construit. Ses prestations de danse dans le film sont tout simplement bluffantes.
Anaïs Monory, quant à elle, joue la prostituée Mimi, elle est mannequin, c'est son premier film et à coup sûr, ce ne sera pas le dernier.
Chapeau au réalisateur, aux comédiens, aux scénaristes... un film qui nous fait chaud au coeur !
ZOOM
Un cinéaste reconnu !
Dès son premier film, Mahamat-Saleh Haroun truste les récompenses.
Bye-bye Africa obtient le prix du Meilleur premier film de la Mostra de Venise. Daratt, Saison sèche reçoit le Prix spécial du Jury à la Mostra de Venise de 2006. En 2010, Un homme qui crie obtient le Prix du Jury au Festival de Cannes. En 2011, le cinéaste tchadien est membre du Jury Officiel au Festival de Cannes, signe d'une reconnaissance par ses pairs !
Il ne reste plus qu'à souhaiter à Mahamat-Saleh Haroun un succès public pour son film Grigris !
Maxime Bonin