Poèmes Black-Label et autres poèmes de Léon Gontran Damas Poésie / Gallimard L’une des œuvres majeures de la Négritude.
BLACK-LABEL A BOIRE Avec ce refrain lancinant, scandé au fil de ce long poème sur la condition des Noirs, Léon Gontran Damas révèle une pensée rebelle et dénonciatrice. A la différence de Césaire ou de Senghor, qui ont recours à une poésie plus abstraite, Gontran Damas exprime la souffrance du peuple noir avec des phrases chocs, parfois à la limite du slogan politique Il s’agit moins de recommencer / que de continuer à être / contre / la morale occidentale / et son cortège de préceptes / de préconceptions / de présomptions / de prénotions / de prétentions / de préjugés. Et si l’on ne prenait pas en compte le fait que l’œuvre de ce Guyanais est restée injustement confidentielle, on pourrait y voir les prémices du verbe haut d’un Fela Kuti ou de n’importe quel leader indépendantiste. Fiers et responsables : portrait de Noirs en Hommes libres Depuis l’esclavage en passant par la colonisation jusqu’à l’enrôlement des tirailleurs pendant la guerre, le poème Black-Label ramasse les grands épisodes traumatiques de l’histoire des Noirs et le cortège de souffrances qui leur ont été imposées. Mais il ne faudrait pas faire de ce recueil un simple réquisitoire contre le pouvoir blanc. Loin de se positionner en simple victime, Gontran Damas s’interroge surtout sur la complaisance et la responsabilité des Noirs (Antillais et Africains confondus) dans leur statut de dominé. Lapidaire, imagée, la poésie de Gontran Damas est empreinte d’une admirable force d’évocation. Non sans insolence, elle exprime avec nécessité la fierté d’être Noir, retournant le rapport de domination comme un rapport de jalousie / frustration des Blancs vis-à-vis de son peuple : Jamais le Blanc ne sera nègre Robin Renucci récite Léon Gontran Damas |
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Poèmes nègres sur des airs africains
Le recueil " Black-Label et autres poèmes de Léon Gontran Damas " publié par Gallimard propose également une traduction de petites chansons africaines par Gontran Damas.
Traduites du rongué, du fanti, du toucouleur, ces courts poèmes chantés d’une adorable douceur témoignent de l’humour, de l’inventivité et de la délicatesse du répertoire populaire africain.
Chant de la dignité et de liberté de tout un peuple, la poésie de Gontran Damas est remarquable, attachante, nécessaire.
Et l’on se prend à regretter qu’elle ne soit pas enseignée dès le collège, en même temps que La Fontaine ou Baudelaire.
L.S.