Albums / Guinée My Life de Sia Tolno Lusafrica Le lyrisme militant de Miriam Makeba. Le coffre vocal d’une Withney Houston.
« A star is born » et son deuxième album « My life » est venu le confirmer. Sorti en 2011, ce dernier opus se décline au gré des envies (et on les sent multiples) de la talentueuse Sia Tolno, d’un morceau funk à une ballade rock en passant par une chanson entraînante aux harmonies sud-africaines. Ce qui importe c’est qu’elle ait trouvé sa voix, son style, son groove. À la différence de « Eh Sanga » sorti en 2009, où elle avait confié l’arrangement de l’album au grand Manfila Kanté, chantre de la musique mandingue, on la sent ici beaucoup plus en phase avec sa musique, patchwork d’influences musicales multiples, comme ses racines. Bête de scène, voix ample et puissante, cette jeune femme née en Guinée forestière (dans le Sud-Est du pays) mais élevée (à la dure) en Sierra Leone, aura grandi entre deux cultures, francophone et anglophone, avant de fuir la Sierra Leone en guerre. De cette expérience de réfugiée, alliée à celle plus personnelle d’une enfance difficile, passée à l’ombre d’un père autoritaire, elle puise sa force de caractère qui ressort, presque physiquement sur scène, et dans ses titres. Une rage animale qu’exprime son beau visage rond qui se tend quand elle aborde les injustices et les atrocités faites aux femmes et aux enfants. Dans sa voix, cette colère se ressent dans des onomatopées aigues ou graves, qui rappellent dignement Miriam Makeba. Que dire d’autre sur cet album aux douze titres parfaitement cohérents, où les cuivres viennent dynamiser un arrangement déjà bien énergique et électrisant, où l’Afrobeat de Fela vient souffler son vent percussif, si ce n’est qu’il est la dernière petite perle à avoir dans toute bonne discothèque africaine. À la section « Groove », assurément.
Sia Tolno, « Polli Polli », extrait de « My Life »
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ZOOM
Sia Tolno, l’acharnée
Retenez bien son nom parce qu’avec l’acharnement qu’elle a mis pour devenir chanteuse, cette jeune femme atteindra ses objectifs.
En effet, rien ne la prédisposait à faire de la musique chez elle à la maison.
Née en Guinée forestière, elle grandit en Sierra Leone où son père professeur de français a été muté, et à la maison, interdiction formelle de faire du bruit, et encore moins de la musique.
Pourtant la petite Sia aime chanter et elle connaîtra sa première scène devant un parterre d’officiels sierra-léonais venus à l’occasion d’une cérémonie nationale dans la cour de son lycée.
Après ça, elle fera les chœurs pour ses cousines qui enregistrent un album à Conakry avant de s’envoler pour les États-Unis, puis décide de se lancer, en Guinée.
Elle chante alors dans les bars et maquis de la capitale. Piaf, Withney Houston, Miriam Makeba, le public aime sa voix et en redemande.
Bien que déjà connue, elle participe alors au concours Africastar au Gabon (Star Academy africaine) où elle finira quatrième avant de se faire repérer par le chanteur Pierre Akendengué qui lui fera rencontrer le directeur de Lusafrica.
À ce jour, elle est l’une des étoiles montantes les plus prometteuses de sa génération.