Ndoni-de-Roland-TchakountéAlbums / Cameroun
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Ndoni
de Roland Tchakounté
Tupelo Productions / Nueva Onda Production
Quand le blues se fait indomptable. 

 

On connaissait le goût prononcé des grands musiciens maliens, de Boubacar Traoré à Ali Farka Touré, pour le blues, on connaissait moins l’école camerounaise.

C’était sans compter sur Roland Tchakounté : moins empreint de musique traditionnelle, son blues à lui s’inscrit plus directement dans la tradition américaine. Musicalement en tout cas.

Pour ce qui est du chant, le chanteur de la région de Douala ne se tourne pas vers l’Amérique : l’album entier est en bamiléké, sa langue natale, qui lui permet de mieux rendre compte de la réalité de son continent.

Une histoire de déracinement

Il faudrait pouvoir parler bamiléké pour pouvoir apprécier le propos d’un artiste qui a à cœur de ramener les problématiques sociales de son pays au centre de sa musique : « Ce que je chante dans mes chansons relève de la même histoire que celle des pionniers du blues, déracinés des plantations du Delta et projetés dans la violence du ghetto », explique-t-il sur son site. 

En ce sens, il se situe dans la tradition des Robert Patton et de tous les bluesmen américains qui chantaient leur déracinement, leur regret d’avoir quitté leurs campagnes natales pour rejoindre des villes hostiles et dépourvues de charme.

L’album Ndoni est porteur de cette mélancolie primitive, bien que Roland Tchakounté s’efforce de garder une énergie musicale toujours positive.

Anetchana, single du dernier album de Roland Tchakounte Ndoni

 

ZOOM

Le duo avec Fatoumata Diawara

Souvent dans l’album, on ressent cette volonté de renouer avec une musique festive, de rompre avec la monotonie du blues.

Le morceau Fang Am est ainsi porteur de tonalités plus électriques, le morceau Smile sonne comme une ode d’optimisme.

Mais le meilleur morceau est sans doute ce duo en collaboration avec la chanteuse malienne Fatoumata Diawara, Farafina, intime et chaleureux.

Moins attachant que les classiques maliens du genre, Ndoni mérite malgré tout l’attention de tous les amateurs de blues. Il a en tout cas séduit notre rédaction.

Romain Dostes