Romans / Congo-Brazzaville Lumières de Pointe-Noire d'Alain Mabanckou Aux Editions du Seuil Un Mabanckou éclairant, à défaut d'être brillant.
Après vingt-trois années passées loin de sa terre natale, le Congo, Alain Mabanckou retrouve un pays changé et tente d’y rattacher les souvenirs qui lui restent. Intimiste, l'auteur se livre à une présentation des figures marquantes de sa famille. Parfois, on subit l'exercice comme on regarde un album photo de quelqu'un qu'on connaît mal (cf. Le paragraphe sur le père). Mais Mabanckou a le talent pour sortir de l'analyse strictement introspective et nous propose un voyage plein de charme dans le Congo des années 80. L’omniprésent souvenir de la mère Marqué par la disparition de sa mère en 1995, Mabanckou revient au Congo avec un sentiment mêlé de tristesse et de honte, la honte de ne pas être rentré pour son enterrement. L'intérêt majeur de Lumières de Pointe-Noire tient justement dans l'expression ambivalente des sentiments face à cette terre perdue. Le retour est à la fois marqué par les sollicitations dont il fait l'objet, par la perte des repères, des fréquentations et par le délice des souvenirs de l'enfance qui refont surface. Pas aussi enlevé et captivant que son Black Bazar, Lumières de Pointe-Noire n'en demeure pas moins terriblement attachant. |
ZOOM
L'occasion d'expliquer pourquoi il n'a pas assisté à l'enterrement de sa mère
"Je redoutais le face-à-face avec le corps de cette femme que j'avais laissée souriante, pleine de vie.
Mon appréhension de la revoir inanimée était liée à une attitude qui remontait à l'enfance.
En ce temps-là, comme beaucoup d'autres gamins de mon âge, j'avais la phobie des cadavres, surtout qu'on les exposait au milieu de la cour afin que la population vienne leur rendre un dernier hommage".
Romain Dostes