Romans / Cameroun Les aubes écarlates de Léonora Miano Aux Editions Plon De la traite négrière aux enfants-soldats, "les morts ne sont pas morts".
Epa, un jeune garçon, est enrôlé dans l'armée d'Isilo, un chef de guerre. Très vite, il déchante devant les atrocités commises. Il finit par s'enfuir et retrouve Ayané, une femme attentionnée, qui l'aide à se reconstruire. Avec ce 4ème roman, la Camerounaise Léonora Miano lie entre elles deux tragédies du continent africain : la tragédie actuelle des enfants-soldats avec celle du passé de la traite négrière. Le message est clair : il n'y a pas d'avenir sans introspection. "Il ne peut y avoir de mémoire africaine qui n'intègre la traite négrière. Pas de monuments, pas de batailles, pas de martyrs... Et si les morts qui ne sont pas morts étaient une puissance agissante, comment se rappelleraient-ils à nous ? L'interrogation a du sens, si on la replace dans la perspective africaine du culte des ancêtres, de la mort, envisagée, non pas comme la cessation de la vie, mais comme le passage d'un plan à l'autre". Léonora Miano signe, comme à son habitude, un roman, puissant et rythmé, profond et sensible, qui ne laisse pas indifférent et participe à la réflexion sur les convulsions que connaît son continent natal. |
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"Sankofa cry"
Les aubes écarlates est sous-titré "Sankofa cry".
Tout un symbole car "Sankofa est le nom d'un oiseau mythique. Il vole vers l'avant, le regard tourné en arrière, un oeuf coincé dans son bec. L'oeuf symbolise la postérité. Le fait que l'oiseau avance en regardant derrière lui signifie que les ressorts de l'avenir sont dans le passé. Il ne s'agit pas de séjourner dans l'ancien temps, mais d'en retirer des enseignements".