Le concept ambigu d’ethnie désamorcé

Les peuples de l’Afrique sont à l’image des personnages visibles sur la fresque de l’artiste éthiopien Aganaw Engeda qui fait office de première de couverture : multiples dans leurs origines, leur couleur de peau et leurs habitudes culturelles. C’est de cette diversité que rend compte cet Atlas, qui prend le parti de ne pas se baser sur la notion d’ethnie.

L’auteur de cet ouvrage, Jean Sellier, justifie la nécessité de ce concept dès l’avant-propos : « En Afrique, peut-être encore plus qu’ailleurs, la notion de « peuple » doit être maniée avec prudence. Elle est ici (au même titre que « population ») employée de façon volontairement floue.  En revanche, le mot « ethnie » n’est pas utilisé, car il a trop souvent, dans le langage courant, pris une connotation particulière et ambiguë, à la fois culturelle et raciale, comme dans « purification ethnique ». »

L’histoire, la religion, la langue et la nation comme principaux critères de définition d’un peuple

L’intérêt de cet ouvrage est double : tout d’abord, il fait la part belle à l’histoire longue. Contrairement à une idée bien ancrée, y compris dans le discours politique, l’histoire africaine débute bel et bien à l’Antiquité, avec la constitution des premiers Etats dans la vallée du Nil et sur les plateaux de l’actuelle Ethiopie. La chronologie démarre en 3000 av. J-C-, au temps de l’Egypte pharaonique. Situer l’histoire égyptienne dans l’histoire du continent africain tout entier est suffisamment rare pour que cela soit souligné.

Mais la principale qualité de cet atlas est sans aucun doute la richesse de ses cartes. Centrées sur le continent tout entier, sur une région spécifique ou sur un Etat en particulier, elles se mettent au service d’une histoire racontée nation par nation.