Albums / Cap-Vert Eclipse de Lura Lusafrica Distribution Un album à la fois poétique et entraînant pour découvrir et redécouvrir la musique de la jeune star cap-verdienne.
Après son magnifique album M'Bem di Fora, Lura nous offre un autre trésor, une véritable Eclipse. Batuku, funana et autres styles cap-verdiens sont de nouveau au rendez-vous, toujours plus riches et plus vibrants. Balades de Marinhêro, airs festifs traditionnels commémorant les congés des esclaves et la lutte pour l’indépendance avec Tabanka, sortilèges de Libramor, percussions du cache-cache de Sukundida... Eclipse est un album hétéroclite qui n'en est que plus captivant. Surtout, c'est un album plein de poésie, qui marie tristesse, humour, mélancolie et fureur dansante... un peu à l'image des paroles d'Eclipse : « Parce que sa compagne la lune / A son heure d’allégresse / Et son heure de tristesse ». Et comme pour marquer le coup, cet album ultra-poétique atteint son apogée avec l'impromptu Canta Um Tango, avec un soupçon d'électro (qui rappelle Gotan Project) et toujours, cette voix incroyable de Lura, cette fois-ci lancinante et grave. Eclipse, album fait d'ombres et de lumières, porte bien son nom. A la différence près que quand Lura est en concert, il ne faut pas s'interdire de la dévorer des yeux ! Sa musique et sa voix prennent une autre dimension, comme pour Mascadjôn, qui réunit ses musiciens en petit comité pour gratter guitare et le cavaquinho avec Lura dansant au milieu... Guettez ses prochaines dates de concert !
|
ZOOM
Un tango au Cap-Vert ?
A la première écoute, un tango surprend dans un album de musique cap-verdienne. Et pourtant, le tango a ses racines à Cuba... et aussi en Afrique.
Car il ne faut pas oublier que les musiques latino-américaines sont indissociables du legs historique et culturel de l'esclavage des populations africaines.
Le mot « tango » a des origines bantoues, et quand il arrive à Cuba au début du 20ème siècle, c'est pour désigner le « vacarme » des tambours des Noirs.
Au milieu du 19è, le tango arrive à Buenos Aires, en Argentine, dont la population noire issue de l'esclavage est encore majoritaire et se réunit souvent en « naciones » (sociétés mutuelles) pour jouer et danser.
Le tango va alors évoluer au fil des remous politiques du pays, jusque dans les années 1940-50 : les communautés noires seront tour à tour valorisées puis persécutées et leur musique avec.
Forts de ses origines afro-hispaniques et de la marque européenne qu'ils ont ensuite reçue, le tango, ses rythmes et ses chorégraphies se démultiplieront sous diverses formes.
Mais face à la complexité de cette histoire musicale, il n'est plus très étonnant d'écouter Canta um Tango par la cap-verdienne Lura.
Anaïs Angelo