Albums / Mali Gagner l'argent français de Mamani Keïta NØ FØRMAT ! Un troisième album tout en profondeur qui consacre la pop' malienne.
Première écoute. Le disque de Mamani est glissé dans l'ordinateur. A l'écran, les titres, l'artiste et le genre musical « Alternative & Punk ». Première surprise. La world music avec des accents de punk ? Certes, ce n'est pas nouveau et Mamani Keïta l'a confié dans des interviews : elle aime la « musique moderne ». Mais cette fois-ci, l'artiste dépasse toutes les attentes et notre imagination : Gagner l'argent français marrie toutes ses influences musicales et consacre la pop' malienne. Côté ambiance, ça donne des titres aux tendances groovy (il faut saluer les doigts de fée de Nicolas Repac, le traditionnel ingénieur sonore de Mamani), des balades romantiques et des rythmes punky qui s'échauffent. Comme on ne fait pas une omelette sans oeufs (et Mamani le sait bien), on ne fait pas de moderne sans traditionnel : l'incroyable voix de Mamani, qui a grandi avec les chants de sa grand-mère guérisseuse traditionnelle, et ses sonorités en bambara le rappellent. Mais il y a aussi l'éternelle kora qui rivalise avec les guitares rock et cette patine numérique qui coiffe la musicalité de l'album. Bref, vous l'aurez compris : Gagner l'argent français vous surprendra. C'est peut-être même déjà avec ce titre « choc » Gagner l'argent français. Si Mamani chante les aventures d'un immigré en France, c'est avec des échos à sa propre vie, et même plus largement, à celle de tous les Français... à vous d'écouter. |
ZOOM
Les premiers riffs de la guitare électrique au Mali
Mamani Keïta naît en 1965 à Bamako. Quelques années plus tôt, à la fin des années 1950, les premiers riffs de guitare électrique s'invitent en Afrique.
Au Mali, James Brown est une star. La musique négro-américaine résonne en fond sonore des luttes pour l'indépendance. A tel point que lors d'une grande manifestation à Bamako, les autorités font appel à la star noire-américaine pour calmer les esprits !
Boubacar Traoré, chanteur guitariste est lui aussi une star. Surnommé « l'Elvis malien », il fait twister toute la jeunesse en pattes d'éph' et vibrer la jeune nation indépendante. Les 45 tours s'arrachent. Un univers politico-musical sur le vif, que le photographe malien Malick Sidibé a immortalisé.
Tout un héritage à découvrir et à re-découvrir que rappelle la musique de Mamani Keïta.
Anaïs Angelo