Albums / Ethiopie
L’éthio-jazz, une musique qui disparaît à la chute d’Hailé Sélassié… Le quatrième volume des Ethiopiques, formidable collection rassemblant déjà 28 albums (pour le moment) et réunissant quelques-uns des meilleurs artistes éthiopiens, est consacré à l’éthio-jazz. Cette expression, qui se réfère d’abord à un artiste, Mulatu Astatke, a connu ses heures de gloire à la fin du règne d’Hailé Sélassié, empereur d’Ethiopie de 1969 à 1974. Cette période est un moment de grand foisonnement artistique en Ethiopie. La production musicale, essentiellement assurée par les Azmaris, ces chanteurs-musiciens réputés pour leur humour et leur sens de l’improvisation, demeurait jusque-là très locale. Mulatu Astatke a l’audace de la marier au son du jazz, en y ajoutant des cuivres et des sonorités d’Amérique latine. La mort de l’empereur Hailé Sélassié, probablement étouffé sous un coussin, va correspondre à l’essoufflement de la musique éthiopienne dans son ensemble. Largement censurés au cours du règne du dictateur Mengistu Haile Mariam qui mena une politique d’oppression des élites, les artistes éthiopiens fuient ou ne trouvent plus d’échos. … et ressuscitée après la chute de Mengistu Car même si certains Azmaris continuent de chanter, la production, les enregistrements et la diffusion de vinyles chutent nettement. Amha Eshete, le producteur le plus actif en son temps qui publie de 1969-1975 plus de cent 45 tours et une douzaine de 33 tours, fuit et gagne Washington. L’interruption du catalogue proposé par le label Amha Records ne cessera qu’à la chute du dictateur, en 1991. C’est sous l’impulsion de producteurs et d’artistes étrangers que Mulatu Astatke connaît une seconde carrière. Popularisés par le film de Jim Jarmusch, Broken Flowers, ou par Nas et Damian Marley qui le samplent dans As we enter, ses classiques trouvent un public nouveau. Mais c’est surtout l’effort du musicologue Francis Falceto de voir la musique éthiopienne rééditée par les maisons de disques qui lui donnera un nouveau souffle.
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ZOOM
Le musicologue Francis Falceto
Après un premier voyage en Éthiopie en avril 1985, la découverte de Mahmoud Ahmed l’année suivante, Francis Falceto décide en 1987 de travailler à la réédition du catalogue Amha Records.
Il devra attendre dix ans pour avoir accès aux enregistrements.
En octobre 1997, il sort les deux premiers opus de la série Ethiopiques.
Il est aujourd’hui un des plus grands spécialistes de la musique éthiopienne, et africaine en général.
Romain Dostes