Cet auteur, d’origine camerounaise, vraiment original a marqué son époque par des créations subtiles où se mêle un triple talent de compositeur, guitariste et humoriste.

Il est aussi l’inventeur d’un genre bien particulier qui mélange musique et texte satyrique. Il passe sans sourciller et avec autant de brio du très sérieux Stabat mater dolorosa à des textes, pas aussi légers que l'on pourrait le croire de prime abord, comme Si les gaulois avaient su ou La condition masculine.

Ce dernier morceau est peut-être le plus connu. Il met en scène un « papa » de village ne comprenant pas ce qui lui arrive quand sa femme (« Tu ne connais pas Suzanna ? Suzanna, c'est ma femme… ») se rebelle au nom de « la condition féminine ». Il met en évidence de façon fine et drôle les relations antagonistes entre la capitale technocratique et la vie traditionnelle des villages de « l’intérieur » de l'Afrique.

Tout ceci n’empêche pas Bebey de nous offrir aussi quelques morceaux instrumentaux à la guitare classique qui ne sont pas sans évoquer certaines musiques sud-américaines. Une pièce comme Fond d’ivressedénote un vrai talent d'auteur et d’interprète.

Il n’est malheureusement pas facile aujourd’hui de trouver les disques originaux de Bebey. Est disponible à la vente un Original masters vol 1 qui laisse entendre qu’il pourrait exister quelque part un volume 2 s’il n’était d’ailleurs parfaitement introuvable (dans le cas contraire, merci de nous le signaler....). Ce disque vaut quand même le détour car il présente un échantillon représentatif du meilleur de Francis Bebey.

Un nouvel album, composé de quatre CD - La belle époque de Francis Bebey- est sorti cette année à l’occasion de l’anniversaire de sa mort. Ce coffret est particulièrement intéressant car il propose une sélection plus large et plus complète de son oeuvre pour un prix légèrement supérieur au premier.