Histoires_d_un_continent_de_YaoBobbyAlbums / Togo
4_etoiles
Histoires d’un continent
de YaoBobby
Nomadic Wax
Premier album solo du rappeur engagé.

 

YaoBobby, griot des temps modernes.

Célèbre au Togo pour être l’un des membres fondateurs du groupe de rap Djanta Kan, YaoBobby se lance dans une carrière solo et frappe d’emblée très fort avec son premier album, Histoires d’un continent.

En douze titres, le rappeur est devenu griot et raconte dans un flow brûlant et une plume acérée, l’histoire meurtrie mais digne de son continent et de son pays.

Sur des sonorités africaines traditionnelles, où la kora joue parfois le rôle de double mystique de l’orateur, Yao pose des mots français et éwè (langue parlée au Togo) sur les maux africains, dans un rap tranchant et militant.

Un appel à la révolution, à l’éveil des consciences

Considéré en Afrique comme l’un des rappeurs les plus engagés de sa génération, YaoBobby, fidèle à lui-même convoque ici l’Histoire, la dénonce et l’accuse (Wawoe, un des titres de l’album signifie « J’accuse » en éwè).

Enrichi par des collaborations de choix (le duo de rappeurs français Milk Coffee and Sugar, le chanteur congolais Freddy Massamba, ou encore la talentueuse saxophoniste Nathalie Ahadji), l’album s’écoute comme un conte, mais se vit comme un coup de poing. Des cris de révolte (Colère africaine) au souhait de "(R)évolution", de l’expérience traumatisante et personnelle de l’exil (Camp de réfugiés) à l’espoir d’une "Afrique enchantée", nous suivons Yao dans son combat d’éveilleur des consciences et nous surprenons à rêver avec lui de lendemains africains qui chantent.

 

 

ZOOM

YaoBobby, membre fondateur du meilleur crew de rap togolais, Djanta Kan

Pour avoir grandi dans la Cité K de Lomé, quartier historiquement contestataire de la capitale togolaise, le jeune Yao est un jour obligé de fuir son pays pour le Ghana, devant l’arrivée de policiers armés venus traquer les opposant au régime du président Eyadéma.

Nous sommes au début de la décennie 90, le collégien qu’est Yao gardera une expérience traumatisante de cet exil forcé.

Quelques années plus tard, de retour dans les murs de la cité K, son engagement s’est renforcé et Yao cherche à exprimer ce qu’il a sur le cœur.

Avec trois amis (Ametek, Daddy Flow alias King Lion, et Da Flag) il fonde sous le pseudonyme de « Boby » le collectif de rap Djanta Kan (la « canne du lion », en éwè).

Très vite, la qualité du groupe est reconnue dans le pays et dans le continent. Meilleur Album du Togo en 2005, Meilleur Rap d’Inspiration Traditionnelle du Togo en 2006 et Meilleur Groupe de Rap du Togo la même année, les récompensent fusent pour faire aujourd’hui de ce groupe de rap un des meilleurs du pays, voire du continent.

Sowen Sidoret