Expos
Jacques Kerchache (1942-2001) a eu, très jeune, la passion des arts premiers. S’enfonçant, dès les années soixante, dans des territoires africains ou peu de galeristes osèrent aller, à la fois anthropologue et explorateur autodidacte, il développa une expertise rare à la recherche de pièces non moins rares. « J’ai pris une Land Rover. Quand il n’y a plus eu de piste, j’ai pris la pirogue. Quand la pirogue ne suffisait plus, j’ai continué à pied… » répondait-il en substance à un journaliste qui lui demandait comment s’était passée sa première exploration à l’âge de 21 ans. Intéressé en premier lieu par l’aspect esthétique et par les grands artistes africains qui les ont créés, il a néanmoins plongé au cœur du vaudou en se faisant admettre et initier. Il put réunir une collection unique et superbe de statuaire vaudou que présente aujourd’hui la Fondation Cartier jusqu’au 25 septembre prochain. Intrigants, fascinants, ces Bocio – ce qui signifie « le pouvoir des cadavres », mais que l’on pourrait traduire aussi par « le souffle des cadavres » – troublent, émeuvent et continuent de vous accompagner bien après le moment de la visite. Bocio ligoté, Bocio percé, Bocio difforme ou Bocio ventru : une force fascinante se dégage de ces statues qui ont essentiellement pour fonction d’être les intermédiaires entre la nature et l’homme pour protéger, guérir mais aussi attaquer et tuer. L’exposition se déroule en quatre lieux. Nous vous conseillons de découvrir en premier les films projetés qui inscrivent l’exposition dans son contexte et donnent un vrai éclairage sur la personnalité de Jacques Kerchache et sur le culte vaudou. La scénographie signée par Enzo Mari est superbe. Elle met bien en évidence l’esthétique troublante de ces œuvres et s’achève par un fabuleux « Chariot de la mort », composition superbe et véritablement magique. Pour en savoir plus sur les vaudous, rendez-vous sur www.velocipedages.com
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Rédigé par 2Biville | ||