Documentaires Eldrige Cleaver, Black Panther de William Klein Arte Editions La rencontre d’un révolutionnaire américain et de leaders anti-colonialistes africains.
Filmé en 1969 par William Klein, ce documentaire réédité par Arte permet de découvrir la pensée et les idées d’Eldrige Cleaver, l’un des leaders du mouvement américain Black Panthers, alors en fuite à Alger. En ce temps-là, la capitale algérienne sert de point de rendez-vous aux révolutionnaires du monde entier, et particulièrement aux leaders africains engagés dans des conflits indépendantistes. A la rencontre des leaders indépendantistes africains L’intérêt majeur de ce documentaire est de montrer le foisonnement révolutionnaire d’Alger au tournant des années 1970. Haut lieu de la lutte contre la présence française, la ville devient le lieu de rencontre des Vietnamiens en lutte contre les Américains, des Européens sensibles aux discours révolutionnaires, et bien sûr des Africains encore engagés dans leur lutte indépendantiste. C’est notamment le cas d’Hamilcar Cabral, le chef de la révolte en Guinée Bissau, d’Agostinho Neto, le chef de la guerilla marxiste en Angola ou du leader du Frelimo mozambicain. On les retrouve d’ailleurs tous autour d’une table dans une scène d’anthologie où ils expriment leur solidarité pour leurs luttes respectives. Déterminé, charismatique, Cleaver se fait le chantre de l’anti-impérialiste L’une des questions majeures posées à Cleaver concerne le positionnement politique des Black Panthers : s’agit-il d’une revendication raciale ou d’une lutte sociale et révolutionnaire ? Sur ce point, Cleaver, le « ministère de l’information » du mouvement se montre beaucoup plus nuancé qu’un Malcolm X notamment : la lutte des Black Panthers ne peut être une lutte raciale car une grande partie des Blancs Américains sont leurs alliés et une partie non négligeable des Noirs Américains sont leurs ennemis. Leur position, à en croire Cleaver est donc plus proche de l’anti-impérialisme. Ce qui l’anime avant tout est la lutte contre les gouvernements successifs des Etats-Unis, qu’il qualifie de « porcs ». Considèrant la majeure partie des interventions américaines dans le monde comme illégitimes, il en appelle à une solidarité plus grande entre les peuples en lutte. Pour la qualité de l’image de Klein et pour l’attention qu’il porte au discours complexe de Cleaver, un homme sensible aux luttes anti-colonialistes africaines, on ne saurait que trop recommander ce documentaire. |
ZOOM
Les scènes tournées dans la Kasbah algérienne
Photographe de renom, William Klein suit Cleaver dans son errance algérienne, lui qui a dû fuir les Etats-Unis après avoir été accusé de meurtre.
Il est particulièrement attentif au décalage entre le charisme de cet homme au physique de boxeur et à l’aplomb de chef révolutionnaire et le reste des habitants de la kasbah algérienne, hommes discrets, groupes d‘enfants, femmes voilées.
Romain Dostes